Eric BOUTAIN
du 30 avril au 3 juin 2016
« JARDIN »
Un petit paradis ?
Eric Boutain enseigne les arts plastiques au Collège de Poix de Picardie. Parallèlement, il pratique la peinture depuis 25 ans, au cours desquels il a obtenu plusieurs distinctions.
Sa démarche plastique, fondée sur la mixité et l’influence orientale, est intimement liée à son vécu, à sa vie personnelle, sociale, familiale. Et il préfère incontestablement traduire ses impressions en peinture qu’en paroles, laissant ainsi au spectateur la liberté d’interpréter à sa façon la toile qui lui « parle ». D’ailleurs, ne cherchez ces lieux ni ici, ni ailleurs, car ces paysages ne sont jamais peints d’après modèles (dans le sens classique du terme).
Ils sont le résultat d’une construction, d’un cheminement, d’une obsessionnelle tentative de créer un petit paradis, une atmosphère sereine si difficilement accessible dans le monde actuel.
Chaque toile est un espace rêvé, créé, construit pour correspondre à un endroit, à un moment où il fait bon vivre. Comme un flottement au milieu de nulle part. Un paradis aussi éphémère qu’illusoire, où se côtoient sans rivalité une recherche de la perfection et des détails qui nous questionnent : des taches, des coulures, des repentirs, des débordements ou encore des traits maladroits, une profondeur incohérente ou un contour qui s’échappe de son sujet…(souvenirs du processus d’élaboration de l’oeuvre et rappel de sa matérialité) Comme s’il fallait composer avec les inévitables doutes, erreurs, imperfections de la vie réelle, pour approcher néanmoins d’un idéal de zénitude.
(article Courrier Picard – mars 2013)
L’exposition : « un petit paradis ? » regroupe une quinzaine de toiles de grands formats qui constituent la dernière série de peintures d’ Eric Boutain.
Ses œuvres, créées lors des quatre ou cinq dernières années, portent encore les traces indélébiles de son intérêt pour la culture orientale, et notamment pour la peinture japonaise traditionnelle de paysages (des cadrages particulièrement audacieux, un rôle primordial accordé au vide, des motifs essentiellement végétaux).
Mais, à y regarder de plus près, les techniques utilisées relèvent davantage d’un traitement de la surface plus contemporain .D’où une double lecture (de près et de loin) qui induit un déplacement inévitable du spectateur.
Bien que privilégiant un rapport émotionnel et instinctif à l’œuvre, Eric Boutain nous a livré lors de son intervention orale quelques éléments qui peuvent donner un aperçu de sa démarche plastique.
« Le(s) petit(s) paradis » en question, dénués de toute connotation religieuse, correspondraient plus modestement à un sentiment de « bien être ».
Se sentir bien, calme, reposé, détendu, « zen »… Qui n’est pas à la recherche de cette atmosphère cosy et relaxante ?
Hélas, la société de surconsommation dans laquelle on vit, n’ est pas toujours tendre ( loin de là, même ! ) et nombreux sont les obstacles rencontrés lors de notre quête de sérénité : imprévus, contraintes, contrariétés, inquiétudes, maladies,…
On est pressé, on est stressé, saturé (par des images, des pubs, des infos, des écrans virtuels…).
De façon métaphorique, Eric Boutain traduit ces agressions de la vie (stress) par des agressions sur la toile. D’où ce vocabulaire plastique composé de coulures, de souillures, de grattages, de taches, de projections, de « ratages », de repentirs ou de débordements.
A partir de ces effets, il improvise, en prenant soin de laisser transparaître, à la manière d’un palimpseste, tous les obstacles rencontrés lors de cette quête d’un idéal paradisiaque…
« on dit de mes toiles qu’elles sont calmes, reposantes,… Sans doute ce qu’on appelle un « faux » calme. »